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3/31/2013

La psychoboxe, pour comprendre sa violence

Nous avons tous en nous une part de violence ! C'est ce que souligne Richard Hellbrunn dans son livre "A poings nommés, la violence à bras le corps". Psychanalyste, psychologue clinicien et professeur de boxe française, il propose depuis plus de 25 ans une prise en charge particulière, pour les auteurs de violence mais aussi les victimes : la psychoboxe. Il dévoile à Doctissimo les dessous de cette approche.



Doctissimo : Selon vous, y-a-t-il une recrudescence réelle de la violence dans notre société ?

Richard Hellbrunn : Je suis mal placé pour juger d'une hausse réelle de la violence dans notre société. Il faut être sociologue ou criminologue pour pouvoir évaluer le phénomène. Néanmoins, la violence et les crimes ne semblent pas très nombreux en France : nous sommes relativement en sécurité dans l'hexagone. Certes, il faut peut-être relativiser, car certaines violences peuvent ne pas donner lieu a des plaintes. Au quotidien, il est vrai que les violences verbales, et l'agressivité de manière générale sont très répandus. Mais cela est biaisé par l'écho important qu'ont les évènements violents dans les médias. Car cela interpelle les lecteurs et spectateurs. La violence fascine, bien plus que le sexe ! Les gens oscillent entre attirance et dégoût, cela met en jeu l'homme et la peur de la mort.

Doctissimo : Justement, les médias et notamment la télévision ont-il un rôle dans la violence quotidienne ?

Richard Hellbrunn : On peut tenir un double raisonnement par rapport aux fictions ou aux médias. D'un côté, il est clair que la vision d'images violentes peut inciter quelqu'un à agir, en lui servant d'exemple. Je pense notamment aux violences urbaines. De même, un ado peu être tenté de s'identifier à un personnage de film ou de série, ce qui va faciliter le passage à l'acte. Mais il peut également y avoir l'effet inverse ! Un film violent peut servir d'exutoire, et permettre de se substituer à l'acte. Certes, il est sûr qu'un enfant qui est laissé par ses parents huit heures par jour devant la télé, sans que l'on lui permette de prendre du recul par rapport à ce qu'il voit, va être influencé. Mais dans ce cas, le responsable est surtout le vide familial. Mais il ne faut pas jeter forcément la pierre aux médias : de tout temps l'homme a réclamé de la violence ! Les jeux du cirque de l'antiquité ou les exécutions publiques au moyen-âge étaient des spectacles d'une violence extrême, dont les gens raffolaient. Les médias donnent aujourd'hui aux gens ce qu'ils souhaitent voir !


Doctissimo : Donc selon vous, chacun de nous possède une part de violence ?

Richard Hellbrunn : On peut essayer de prétendre que la violence n'existe pas chez soi, mais uniquement chez les autres. Et ces autres seront alors des "plus sauvages" que soit, ou des gens malades qu'il faudra guérir… Mais selon moi, nous avons tous en nous des fragments de destructivité, qui seront tournés vers nous ou vers l'extérieur. Certains vont l'exprimer directement sous forme de violence, d'autres vont l'exprimer de manière indirecte, par l'argent, la manipulation, le pouvoir…

Mon travail consiste à aider les gens à explorer cette part de violence qu'ils ont en eux. Je travaille par exemple avec des personnes qui sont en prison pour meurtre. Or certaines ont en eux cette violence de manière consciente. Ils échafaudent sans cesse des scénarios violents et ont parfois peur de sortir pour ne pas risquer de tuer quelqu'un ! Alors que d'autres ont tué sans jamais avoir eu une seule pensée violente !

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