A force de voir le verre à moitié vide, notre
récit de la réalité sombre dans un certain négativisme, susceptible de
brider notre propension au bonheur. Méthode originale, la psychologie
narrative propose de réorienter notre discours intérieur, et d'opter
pour des interprétation&s favorables. Les clés d'un nouvel art de
vivre avec le psychologue Yves-Alexandre Thalmann.
Le
coup de fil d'un ami, une réflexion de l'être aimé, un voyage annulé,
et voilà notre cerveau, qui se met à trier, ordonner, classer,
regrouper… D'après le psychologue Yves-Alexandre Thalmann* : "Cet
agencement des événements de notre vie prend la forme d'un ensemble
d'histoires que nous nous racontons et qui habillent le monde dans
lequel nous vivons". La question se pose alors : Et si, en définitive,
le bonheur résultait de la façon dont nous nous racontons nos histoires
?
La psychologie narrative en question
Cette
pratique repose sur une prise de conscience. Celle que le monde tel que
je le pense n'est pas tel que je le vis. "Le travestissement de la
réalité est incessant. Il y a d'un côté la réalité des faits et de
l'autre, l'idée que je m'en fais, ma représentation" soulève
Yves-Alexandre Thalmann. Avec notre cerveau, nous passons notre temps à
organiser les liens de cause à effet de façon à ce que ça prenne une
signification à nos yeux. On se raconte des histoires, en interprétant
! Or, selon le psychologue, "la manière dont nous appréhendons les
choses détermine davantage notre qualité de vie que les événements
eux-mêmes". A ce titre, nos représentations mentales ont donc la
capacité de nous procurer une vie plus agréable.
Choisir une trame plus qu'une autre !
Le
choix de porter notre attention sur le verre à moitié plein, plutôt
qu'à moitié vide nous appartient ! La psychologie narrative ne repose
pas tant sur le déni d'une forme de réalité "dite négative" mais bien
sur notre décision de choisir une version qui peut contribuer à notre
épanouissement. Alors pourquoi choisissons-nous telle trame plutôt
qu'une autre ? Du point de vue desthérapies cognitives , penser
négatif demande moins d'effort, cela est plus "automatique". Par
exemple, quand on se réveille en pleine nuit, avec des difficultés à se
rendormir, les pensées qui nous traversent sont davantage teintées
d'anxiété que de joie... "Certains faisceaux d'indices montrent que si
on ne dirige pas consciemment notre attention, le mental est porté vers
de l'anxiété" soutient Yves-Alexandre Thalmann.
A
contrario, quand on est tout entier focalisé dans une activité, les
pensées anxieuses sont comme mises à l'écart. Comme l'affirme le
professeur de psychologie américano-hongrois Mihaly Csikszentmihaly,
pour qui notre capacité à vivre mieux dépend de notre engagement total
dans une activité sans en être distrait. Focaliser son attention, c'est
la clé, à commencer par nos pensées. En mettant de la conscience dans
le choix de nos pensées, il est possible alors d'apprendre à scénariser
nos histoires à notre avantage.
Des outils concrets pour être plus heureux
Découvrir
que nous pourrions être davantage épanouis en modifiant notre regard
sur les choses est un premier pas. Mais concrètement comment faut-il
s'y prendre pour transformer nos interprétations ?
Nous
sommes traversés par un certain nombre de pensées automatiques,
c'est-à-dire que nous n'avons pas volontairement choisies. Par exemple,
face à un évènement du type : "Mon chef ne m'a pas adressé la parole",
vous pouvez être traversé par : Il m'en veut, j'ai dû faire une bourde
! La psychologie narrative propose la pratique des pensées
alternatives. À savoir, une autre façon de donner du sens aux
évènements, tout aussi plausible que les pensées automatiques, mais
choisies pour leur connotationoptimiste . Comme : "Il a peut-être mal
dormi. Il est peut-être contrarié !" Appliqué régulièrement, cet outil
permet de rôder de nouvelles habitudes de pensées.
Il
y a une multitude de versions possibles prenant appui sur les mêmes
faits. Certains points de vue débouchent sur des émotions tristes alors
que d'autres contribuent à nous rendre joyeux. Ce que nous choisissons
comme point de comparaison est crucial pour notre bonheur... Une étude
réalisée sur les podiums olympiques a montré que les médaillés de
bronze semblaient plus heureux que les médaillés d'argent. Pourquoi ?
Les deuxièmes se comparent aux premiers et sont déçus, alors que les
troisièmes sont contents d'être sur le podium... Comparer ce que nous
vivons à un idéal illusoire, autour du "si seulement" ou à d'autres qui
réussissent mieux que nous est un moyen éprouvé pour éroder notre
bonheur. Essayons plutôt de comparer à notre avantage.
- Catherine Maillard
Créé le 04 octobre 2010
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