Chk

3/31/2013

Les pistes pour bien démarrer l'année


Une nouvelle année réussie, ça se décide maintenant. Remisez au placard les faux-pas, les projets en attente, et les amours improbables ! Cette année, la vie est à vous, façon mirifique ! Huit idées chics et chocs par notre coach es bonheur Vanessa Mielczareck*. On commence tout de suite !

1. Je deviens une personne plus optimiste !

Une vie qui marche bien, ou plutôt qui décolle, c'est une vie qui accorde de l'importance à des opportunités heureuses. "Pour développer cette aptitude à cultiver le bon côte de la vie, il faut parfois "oser" affirmer que le meilleur nous attend" affirme Vanessa Mielczareck. Un état d'esprit qui devrait laisser peu à peu faire davantage de place à la joie dans votre vie, plutôt qu'à la morosité. C'est un premier pas vers l'optimisme.

2. Je prends conscience de ce qui me rend plus heureux !

Toute nouvelle, toute belle, la nouvelle année est le moment idéal pour décider que nous possédons le plus beau des jardins intérieurs. Il ne vous viendrait pas à l'idée d'arroser les mauvaises herbes ! Dans la vie c'est pareil. "Tout le positif sur lequel nous nous focalisons a tendance à s'amplifier", rappelle Vanessa Mielczareck. Dès lors, nous pouvons décider de sélectionner des faits qui peuvent servir notre projet d'une belle journée réussie. Et de les bichonner ! Cela nous fait prendre conscience de la richesse de notre vie, et qu'en fait, nous avons à portée de main tout ce dont nous avons besoin.

3. Je crois en moi !

Les mots doux, les compliments, les encouragements que vous savez si bien prodiguer aux autres, vous vous les donnez à vous !
C'est décidé cette année, vous avez confiance en vous ! En clair, d'après Vanessa Mielczareck, "vous savez que vous pouvez totalement compter sur vous pour traverser toutes les situations". Et mieux encore, vous vous estimez totalement capable d'agir de manière appropriée face à l'imprévu ou un enjeu important. Bref, la vie est à vous !

4. Je cesse de me comporter comme une victime !

Pour s'autoriser une année exceptionnelle, il va falloir éviter de nous complaire dans le malheur. Ce qui implique de renoncer aux petites et grandes attentions et autres gratifications que notre statut de victime entretient. Explications de Vanessa Mielczareck : "Avez-vous remarqué à quel point on s'occupe de vous, comme on vous témoigne de l'intérêt, que l'on vous téléphone dès que vous êtes dans l'affliction ?". Ensuite, vient naturellement la question essentielle : Pourquoi entretenons nous cette tendance à raconter nos problèmes, même à ceux qui n'ont aucune solution à y apporter ? Réponse : c'est décidé je reprends les rênes de ma vie !

5. Je mise sur mon capital chance !

C'est décidé cette année, je crois en ma bonne étoile. Pour bien comprendre quelle réalité se cache derrière le terme de chance, il faut renoncer à l'idée que c'est une force extérieure à nous-même. "À partir du moment où vous vous engagez véritablement à vouloir obtenir le meilleur dans votre vie, vous plongez dans un travail indispensable de remise en question, de décision et d'action qui vont dans ce sens" assure Vanessa Mielczareck.
Alors vous rétablissez un flux favorable qui provoque des coups de chance. Pour devenir chanceux, il faut vraiment accepter de l'être et commencer par effacer certaines croyances qui représentent de véritables obstacles, à savoir : "les gens heureux n'ont pas d'histoire", "les hommes sont tous des lâches", "l'argent ne fait pas le bonheur", etc.

6. J'ose vivre selon mes réelles valeurs !

Il y a les valeurs que notre époque valorise encore, comme la compétition, la lutte et l'esprit de conquête...
Il y a celles dont nous avons hérité de notre famille : "être une bonne épouse ", "faire une bonne carrière"… Et puis, il y a les vôtres !
"Il nous faut beaucoup de détermination pour rechercher nos valeurs essentielles, qui campent du côté de l'être et non plus de l'avoir" soutient Vanessa Mielczareck. Une nouvelle année peut être l'occasion de développer des valeurs telles que la générosité, l'altruisme, l'écoute, la joie...

7. Je m'entoure de personnes formidables

La vie est plus belle quand on vit des relations amoureuses et sociales nourrissantes. Se sentir compris, apprécié, respecté et aimé accentue le sentiment d'une vie réussie. "Notre besoin de reconnaissance s'en trouve comblé" explique Vanessa Mielczareck. Toutefois, ça n'est pas toujours si idyllique, il est parfois nécessaire de fixer des limites franches avec des personnes intrusives, blessantes ou insultantes. Il nous appartient d'exprimer clairement notre ressenti pour dire ce qui ne nous convient pas.

8. J'adopte un équilibre corps-esprit

Notre corps en dit long sur le rapport que nous entretenons avec nous-même. Pourtant, nous avons souvent peu d'indulgence pour lui. Entre régimes et pratiques sportives parfois intensives, il nous arrive de lui mener la vie dure. Se mettre à son écoute pour faire de ce compagnon de route, un partenaire plus qu'un adversaire, est plus que souhaitable.
Catherine Maillard
Créé le 26 novembre 2012
* Auteure et conférencière, Vanessa Mielczareck a fondé avec son mari, Gilles Guyon une école en Management et en Coaching de l'Excellence.

Stop au culte de l'urgence !



Les vacances sont déjà loin et le rythme semble s'accélérer à nouveau. Comme si la pause avait pris fin et que le temps était venu de se remettre à courir. Le point sur notre culte de l'urgence, des pistes pour ralentir et peut-être même pour passer en mode slow life…
"Dépêche-toi", scande-t-on tous les matins à sa chère petite tête blonde. "Ca t'ennuie si on reporte notre déjeuner" s'excuse-t-on auprès d'une amie qu'on n'a pas vue depuis longtemps. "Pas de ciné ce soir, je dois courir faire les courses, le frigo est vide", envoie-t-on à son jules par texto. Il y a fort à parier que vous courrez aussi pour votre cours deyoga , ou bien pour attraper votre train avant de partir en week-end. Dans nos sociétés aux plannings overbookés, courir est devenu un mode de vie à plein temps. La faute aussi à notre culte de la performance qui a raison peu à peu de nos désirs d'équilibre. Avouez qu'être une maman, une femme, une amie parfaite demande un temps et une énergie folle. Sans compter qu'il faut se tenir au courant de l'actu, du roman chouchou de la rentrée littéraire, du légume tendance pour notre santé... Se dépasser non-stop génère beaucoup de pressions, qui à la longue, nous font oublier l'essentiel, à savoir savourer la vie, tout simplement !

Devenez un pro de la gestion du temps !

Slow lifeUn facteur important de stress peut être le sentiment que la journée est trop courte, pour assumer sa charge de travail, sa vie sociale, ses pauses forme... Faire le point sur ses priorités est un premier pas. Retour à l'essentiel !
Pour mieux gérer votre temps, déterminez quels sont vos véritables objectifs par mois, par semaine, par jour… Vous évader un week-end à la campagne, passer une soirée avec votre meilleure amie, pratiquer un sport… Qui dit priorités, dit suppression du superflu, en tout cas, en ce qui vous concerne. Une fois établie la liste de vos vraies priorités, planifiez vos journées en conséquence. Non plus en mode non-stop, mais avec de vraies respirations... en y ajoutant la notion de plaisir. Qui demande forcément de prendre du temps !

Au bureau aussi, prenez votre temps !

S'il y a bien un endroit où le culte de l'urgence bat son plein, c'est au bureau. "Les contraintes sont de type industriel, avec l'obligation de tenir un rythme, et de type marchand" développe Nicole Aubert, psychologue et sociologue.
Le salarié doit être de plus en plus réactif et répondre aux exigences du marché. La priorité est de sans cesse se propulser vers un nouveau dossier, sans la possibilité de faire un retour arrière, souvent nécessaire pour effectuer des bilans. La pression temporelle domine !
Des solutions existent, elles demandent une certaine discipline pour s'y tenir au début ! Essayez de vous fixer des objectifs réalisables, en termes de planning. Quand ce n'est pas possible, informez votre supérieur de votre charge de travail maximale. La clé d'un changement notable ? Apprenez à dire non de façon constructive, puis à négocier les conditions de réalisation de certains projets.
Quand la coupe déborde, il y a aussi la solution de déléguer et de favoriser le travail en équipe ! Voyez comment vous pouvez vous décharger d'une partie de votre activité et auprès de quelles personnes. Peut-être, aurez-vous la sensation de moins occuper le devant de la scène, mais vous y gagnerez sans doute en qualité de vie.
En pratique
Consacrez davantage de temps libres à des activités calmes et contemplatives comme le jardinage, la lecture, la peinture, la déco... en éprouvant un réel plaisir à le faire plus qu'à le faire vite avec une exigence de résultat.
La méditation, la respiration consciente et toutes les gymnastiques de santé (yoga, Qi Gong, Wutao, etc) contribuent bien sûr à ralentir.
L'une des attitude clés de la slow life est la slow food... Essayez de cuisiner et de remplacer de temps à autres, plats cuisinés et micro-ondes par une expérimentation de vos talents culinaires...

Adoptez le mode slow life

En réponse à notre mode de vie trop speed, un mouvement émerge : la slow life. Plus qu'une attitude, c'est davantage une philosophie de vie, qui invite à la lenteur, façon éthique et responsable. Que ce soit vis-à-vis de notre horloge interne, de notre relation aux autres et à notre environnement. L'auteur à succès d'Eloge de la lenteur, Carl Honoré, évoque le fait que "lancé à toute vitesse dans le "faire", nous ne supportons plus justement de ne rien faire". Ce qui explique pourquoi nous occupons notre temps libre avec des obligations, qui souvent nous épuisent. Une des clés de la slow life se trouve résolument dans "l'être", plus que "l'avoir". Qui demande un temps de retour à soi, à nos sensations corporelles, et à nos ressentis. Prendre le temps de "Sentir" au lieu de "faire" !
Catherine Maillard
Créé le 12 octobre 2011

Eloge de la lenteur
De Carl Honoré
Editions Marabout
287 pages
12 euros
Le culte de l'urgence, la société malade du temps
De Nicole Aubert
Ed Flammarion
375 pages
8 euros
Petit cahier d'exercices pour ralentir quand tout va trop vite
De Eric Pigani
Ed Jouvence (en vente le 25 Octobre)
64 pages
6,50 euros

A la recherche du bonheur




Pourquoi certains semblent faits pour être heureux, alors que d’autres enchaînent les malheurs ? Peut-on assurer à ses enfants une vie radieuse ? Pour le savoir, nous avons interrogé le Dr Boris Cyrulnik, neuropsychiatre et auteur de "De chair et d’âme" paru aux éditions Odile Jacob. Il nous explique les recettes du bonheur.

Doctissimo : Existe-t-il une définition du bonheur ?

BonheurDr Cyrulnik : Le bonheur est un concept totalement hétérogène. Il est souvent confondu avec le bien être, la réussite ou l’ascension sociale. Ce mot désigne ainsi des évènements de nature totalement différente. Chacun a sa propre conception du bonheur et ses sources de malheur. Et cela évolue avec l’âge. Mais pour être heureux, il faut que plusieurs conditions soit réunies, tant au niveau physiologique qu’environnementales, notamment dans les premiers mois de vie. Nous ne sommes pas dans une approche cartésienne avec une cause qui aura un effet. Plusieurs éléments sont essentiels au bonheur, et si l’un d’entre eux fait défaut, tout s’effondre.

Doctissimo : Qu’entendez-vous par aspect physiologique ? Certaines personnes sont-elles faites pour être heureuses ?

Dr Cyrulnik : On sait qu’il y a des gens dont le cerveau est capable de transporter une grande quantité de sérotonine. Ce neuromédiateur est à l’origine des sentiments de plaisir et de bien-être. Ils vont être stimulés cérébralement, plus éveillés. Ils auront en quelque sorte le "bonheur facile". Mais cela ne suffit pas pour être heureux ! Il faut une sécurité et une stimulation affective et sociale. Si l’on met ces gens-là dans une situation d’isolement affectif, de privation sensorielle, on aura une baisse de la sécrétion de sérotonine. Un gène ne peut pas s’exprimer s’il n’y a pas un environnement favorable.

Doctissimo : Vous citez comme période clé les premiers mois de vie. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Dr Cyrulnik : Les dernières semaines de grossesse et les premiers mois de la vie sont essentiels. Les enfants doivent être très entourés pendant les premiers mois. Deux enfants sur trois vont bénéficier de cet environnement "secure". Ils vont pouvoir prendre du plaisir à explorer le monde et apprendre, car ils sont rassurés par des relations "routinières, stables et rythmées". Même un "petit transporteur" de sérotonine qui va bien être entouré dans les mois qui suivent sa naissance sera plus facilement heureux. A l’inverse, même un "gros transporteur" de sérotonine, s’il ne reçoit pas l’attention adéquate après sa naissance, sera plus facilement malheureux.

Doctissimo : Chômage, insécurité, guerre, on a l’impression d’être entouré de mauvaises nouvelles. Quelle influence peuvent avoir ces informations sur ce sentiment de bonheur ?

Dr Cyrulnik : Le bonheur est un sentiment qui évolue et prend forme à partir d’une représentation. Quand vous allez au cinéma, même si vous savez que ce qui passe à l’écran n’est pas vrai, vous allez pleurer, rire, avoir peur… C’est la même chose quand on est baigné de représentations qui racontent en permanence des malheurs. Les récits sont tellement affreux qu’ils vont déterminer nos sentiments même s’ils ne correspondent pas exactement à la réalité.

Doctissimo : Pensez-vous que "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort", comme le disait Nietzsche ?

Dr Cyrulnik : C’est faux ! Quand on subit un traumatisme, on devient plus sensible aux traumatismes ultérieurs. Les gens blessés deviennent de plus en plus faciles à blesser. Regardez la dépression. Les rechutes interviennent généralement pour des causes de plus en plus légères. Plus on maltraite les gens, plus on les rend malheureux !

Doctissimo : La France présente l’une des plus fortes consommations d’antidépresseurs. Est-on plus malheureux dans l’Hexagone ?

Dr Cyrulnik : D’abord, il faut rétablir une contre-verité : ce n’est pas la France qui consomme le plus d’antidépresseurs mais l’Iran ! Et si la France consomme beaucoup plus que d’autres pays européens, c’est aussi parce que souvent l’anxiété et la dépression ne sont pas soignées là-bas !
Mais il est vrai que les antidépresseurs sont un palliatif à notre défaillance culturelle. Car le traitement logique serait de favoriser la sécrétion naturelle de sérotonine dans notre société : d’organiser la famille et les institutions pour mieux entourer les enfants, avoir une école moins oppressante… Et chez les adultes il serait important de favoriser les groupes et les relations sociales qui protégent. Mais on a tendance à privilégier l’aventure individuelle. Or pour être dans un groupe, il faut savoir renoncer à une partie de son épanouissement personnel.
Alain Sousa
Créé le 28 décembre 2006

Le bonheur n’a pas de prix



Il suffit d’ouvrir le journal pour voir des gens heureux au volant de leur nouvelle voiture, d’arpenter les quais du métro pour observer des couples au sourire radieux car nouveaux propriétaires… Mais la réalité est bien différente de celle des publicités. Car les véritables sources de bonheur ne sont pas seulement monétaires ou matérielles, au contraire… A lire pour accorder de la valeur à toutes ces petites joies qui ne s’achètent pas.
"L’argent ne fait pas le bonheur" est une maxime emplie de sagesse… Bien sûr, il est nécessaire pour vivre sereinement de pouvoir disposer d’un minimum de confort et de ne pas avoir à s’inquiéter du lendemain. Car difficile d’être heureux lorsque l’on vit sous le seuil de pauvreté. Mais si l’on parle de ceux qui subviennent à tous leurs besoins vitaux, il semble bien que la joie de vivre ne soit pas directement proportionnelle au compte en banque, au nombre de voitures et d’écrans à plasma… Les princesses d’aujourd’hui ne sont pas aussi heureuses que celles des contes de fée d’hier. Alors faut-il arrêter de croire les publicités qui affirment haut et fort que seule l’accumulation de biens est le seul moyen de connaître le bonheur absolu ?

En vouloir plus, c’est avoir moins !

L’idée de la richesse, source de joie, est battue en brèche depuis la nuit des temps… Sans que cela semble avoir d’influence sur nos aspirations et nos modes de vie. Encore récemment, un psychologue américain montrait que le modèle proposé par notre société rendrait malheureux ! En clair, les gens dont les seuls buts sont d’avoir plus d’argent, de notoriété, de maisons, de voitures… sont ceux qui jugent leur vie la moins satisfaisante ! Ils souffriraient même plus souvent d’anxiété et de dépression. L’accumulation de biens matériels ne soulagerait-elle rien d’autre que notre porte-monnaie ? Pourtant, nombre d’entre-nous ont le réflexe d’acheter "pour se faire plaisir". Mais ce petit bonheur serait malheureusement très bref…

Une vie plus simple

Selon les auteurs de l’étude, il faut même aller plus loin que la simple remise en cause de nos achats quotidiens. C’est la société qui devrait changer, selon eux "le zèle avec lequel de nombreux gouvernements insistent sur la croissance économique semble peu judicieux, étant donné que de tels buts matérialistes ont un coup écologique énorme, pour un effet très faible sur le bonheur des citoyens". Mais est-ce que les politiques ont pour préoccupation essentielle le bonheur des citoyens ? On remarquera les initiatives originales de certains pays qui n’hésitent pas à évaluer la richesse des pays en fonction du bonheur par habitant, au lieu du revenu par habitant : le Bonheur Intérieur Brut au lieu du Produit Intérieur Brut. En France, on remarquera que certains mouvements prônent même la décroissance et dénoncent le "bonheur" vendu par la publicité. Le message est simple : s’enrichir et consommer ne sont pas les seuls moyens d’exister et d’être heureux. N’oublions pas que les joies les plus intenses sont souvent les petits bonheurs de la vie quotidienne, telle la fameuse "première gorgée de bière".

Où se cache le bonheur ?

Mais si le bonheur ne s’achète pas, quelles sont les clés du bien être moral ? Selon d’autres études américaines, les clés de l’épanouissement personnel sont multiples, mais certains incontournables se dégagent :
  • Le sentiment d’être libre et autonome ;
  • Le sentiment d’être utile ;
  • Les liens forts avec les proches ;
  • L’estime de soi.
Au-delà de ces valeurs, c’est à chacun de trouver les clés de son propre bien-être, le bonheur sur catalogue n’existe pas.
Alain Sousa

Sources :

Journal of Personality and Social Psychology, vol. 80, n°2.
Social Indicators Research, vol. 57, p. 119-169.

Les 5 clés du bonheur


Le bonheur ne s’achète pas chez un concessionnaire, mais se cultive plutôt comme un jardin. Certains lui courent après, d’autres le savourent, mais tous nous y aspirons. Pour vous aider dans cette quête, des spécialistes vous proposent cinq pistes…
Le bonheur est dans le pré, pour les uns. Pour d’autres, il est dans les bras de l’être aimé, ou au détour d’une galerie d’art. Chacun le sien, donc, et tout le monde y a droit ! Parfois, il est à portée de mains, souvent on passe à côté. Disposition de l’esprit ou don du ciel ? Peu importe ! L’important est de le cultiver. Il existe plusieurs pistes, toutes reposent sur des attitudes et une pratique au quotidien. Alors suivez nos conseils…
1 - Retrouvez l’estime de soi
Les clés du bonheurCertaines personnes ont le don de se dévaloriser, d’autres savent qu’elles sont un cadeau au monde. La différence entre les 2 ? L’estime de soi ! C’est un gage de bonheur, une dimension de votre personnalité qui a besoin d’être alimentée. Une personne qui a une haute estime d’elle-même, se traite en diva, "elle prend la responsabilité de sa vie, et donc de son bonheur, sans blâmer les autres", explique le psychiatre Christophe André. Celle qui en a peu ne s’apprécie jamais assez et rencontre d’innombrables difficultés. Pour la cultiver, commencez par dérouler le film de vos succès. En fin de journée, vous avez pris l’habitude de vous souvenir des mauvaises nouvelles : ce dossier est inextricable, il a plu tout le week-end. Pensez plutôt en positif : une petite victoire au boulot, un compliment de votre amoureux... et c’est bien agréable.
2 - Cultivez de bonnes relations avec les autres
Le bonheur ? Bichonner ses amis. "En contrepoint à l’ego attitude, penser aux autres est important pour être heureux" affirme Albert Ellis, fondateur de l’approche émotivo-rationnelle. Son conseil : ne cherchez pas à vous sentir systématiquement aimé ou accepté par votre entourage. Faites de l’approbation des autres un objectif souhaitable, mais non indispensable. Au lieu d’attendre des autres, soyez prêt à donner. N’hésitez pas à rendre service ou à multiplier les occasions de faire la fête. Invitez vos voisins à dîner ou organisez des brunchs avec vos amis, le dimanche. Ça demande bien moins de temps et de moyens qu’on l’imagine.
3 - Donnez-vous des petits plaisirs
Et si le bonheur de vivre, était une suite de petits bonheurs ? Les petits plaisirs mettent le moral au beau fixe... une pause café avec un collègue qu’on aime bien, un rayon de soleil au coeur de l’hiver… Le bonheur, c’est comme la santé, ça s’entretient tous les jours. Faites-vous du bien, et surtout éviter de multiplier les corvées, les vitres, les comptes, les courses à Carrefour. Vous pouvez aussi penser en terme de récompenses, de bénéfices personnels. "Si je décroche ce budget, je m’offre un week-end en amoureux" ! Prenez le parti de la gaieté : la joie augmente le taux d’endorphine, ces hormone


s relaxantes, molécules du bonheur.
4 - Faites la paix avec votre passé
 
De vieilles rancunes au sujet d’un ex, une histoire familiale difficile... il arrive que les souvenirs soient parfois encombrants. Pour gagner en légèreté et donc en capital bonheur faire la paix avec son passé est souvent une nécessité. Il suffit parfois d’en parler. C’est souvent plus facile, avec une amie, même si l’objet de la discorde est sensible. Dans le cadre du couple ou de la famille, c’est parfois plus délicat. Le travail de deuil ou de pardon ne se fait pas tout seul, l’accepter est déjà un pas vers la résolution du problème. Aujourd’hui consulter un psy est devenu courant.


Pour comprendre, mettre à jour et s’en délivrer, consulter un professionnel est parfois la bonne solution. Surtout si vos angoisses, ou un certain mal-être, deviennent un obstacle à votre bonheur. Faire la paix avec son passé est aussi un signe de maturité.
 
5 - Développez votre créativité
Combattre la routine, s’ouvrir à l’inconnu... Et si on essayait la créativité, un des piliers du bonheur ! D’après Christian Boiron, philosophe, pour explorer, exprimer sa personnalité et être heureux, cette qualité est essentielle. Votre matière première : la curiosité ! Autorisez-vous les erreurs, les tâtonnements... dans de nombreux domaines. Tout le monde peut s’y mettre ! Dans la cuisine, par exemple. Que ce soit pour un dîner en amoureux, ou un goûter d’enfants, amusez-vous et inventez. L’écriture, aussi est agréable. Imaginez des personnages de roman en regardant les gens de votre entourage (façon, Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain). Ou préparez un voyage, sans forcément avoir recours à des agences.
Catherine Maillard

10 commandements pour être heureux


"Le bonheur est une disposition de l'esprit" disait Louise de Vilmorin. Même si vous ne croyez pas aux conseils, voici quelques petits trucs pour vous mettre le coeur en fête et vous donner le sourire aux lèvres…
Suivez les conseils suivants pour trouver le chemin du bonheur.

1 - Faites la paix avec vous-même

"L'essentiel, c'est la considération bienveillante que nous nous accorderons aux premières secondes du matin, raconte Claude de Milleville1, car trop souvent, le regard que nous jetons sur nous-même nous condamne". Au lieu de nous focaliser sur nos défauts, nos manques et nos faiblesses, admirons aussi nos qualités et nos richesses ! Idéal pour doper sa confiance en soi, et progresser vraiment !

2 - Semez le bonheur autour de vous

Egoïsme et bonheur font rarement bon ménage. Mettez votre énergie au profit des autres : votre famille, vos amis, mais aussi ceux qui, moins bien lotis, ont besoin de soutien : votre vieille voisine, les enfants malades, les sans-abri…

3 - Acceptez vos humeurs

Ce matin, vous vous êtes levé-e du pied gauche ? Acceptez ces variations de votre moral comme un phénomène naturel au lieu de vous en préoccuper ou de culpabiliser. Cela passera tout seul, et vous en serez moins victime. De la même façon, admettre que vos proches, eux aussi, puissent être de mauvaise humeur vous aidera à les supporter plus sereinement.

4 - Reconnaissez votre chance

Vous avez un mari, des enfants, des parents et amis, un travail, un logement, vous êtes en bonne santé… Sincèrement, que voulez-vous de plus ? Admettez que vous faites partie du clan des veinards, et cessez vos crises d’insatisfaction. Acceptez votre chance, et provoquez-la sans douter d'elle. Vous avancerez à pas de géant.

5 - Evitez le catastrophisme

Les nouvelles font grise mine ? Après un bilan honnête, faites la part des choses : sont-elles si terribles que cela ? Le monde s’écroule-t-il vraiment ? Vous constaterez sans doute que non, tout n'est pas si épouvantable autour de vous.

6 - Ecoutez les autres

L'empathie, faculté de comprendre et connaître les autres en s'identifiant à eux, est une qualité maîtresse qui facilitera vos relations et votre regard sur la vie. Essayez de vous mettre à la place de vos proches, et de personnes éloignées que vous trouvez pénibles : votre patron est énervé (son fils a de gros soucis de santé), votre mari n’est pas à prendre avec des pincettes (son travail l’angoisse), cette contractuelle est odieuse (il pleut à torrents depuis 3 jours)… Dans leur vie, seriez-vous toujours aimable ?

7 - Créez la fête

"Ne nous enfermons pas dans le rythme monotone des journées, cultivons nos amitiés, partons à la rencontre des autres, établissons des liens nouveaux", recommande Claude de Milleville*. Vous êtes crevé ? Sachez faire simple (pas de grand dîner avec tralala), mais ne ratez pas un bon moment. "Se priver de présences, sous prétexte de se préserver et de dormir, ne peut en aucun cas nous apporter de bénéfice. La vie nous demande d'avancer, et non de nous économiser et d'être avare de nous-mêmes !".
 
8 - Réconciliez-vous avec votre passé
S'accepter, c'est se mettre à jour de son passé, laisser de côté les ressentiments et vieilles rancunes, accepter ce qui ne peut être changé, digérer les histoires familiales, les séparations, les deuils. C'est aussi régler les situations inachevées (disputes, tensions). Cette démarche adulte est essentielle pour partir d'un bon pied vers le bonheur et éviter les regrets, inutiles et douloureux.
 
9 - Trouvez un sens à votre vie…
Qui suis-je ? Pourquoi suis-je en vie ? : si vous avez déjà des réponses à ces questions existentielles, vous êtes sur le chemin de la réalisation de vous-même. Sinon, que diriez-vous de réfléchir un peu à vous, à vos valeurs personnelles (le travail, l'amour, la famille, l'ordre, la liberté…), pour préparer vos objectifs et vous employer à les réaliser ?
 
10 - Préservez votre liberté
Pour se sentir bien avec les autres, il faut ne pas se laisser enfermer par leurs désirs, mais savoir leur dire non, exprimer ses sentiments, ses envies et ses besoins. Sinon, la frustration s’accumule et nuit à l'épanouissement. Ne craignez pas leurs jugements, choisissez seul-e, librement, ce que vous voulez faire et ne pas faire, et refusez de vous laisser manipuler !
Isabelle Delaleu
Mis à jour le 22 août 2011
 

Comment réussir sa vie ?


Tout le monde aspire à " réussir sa vie ", même si cela recouvre différentes réalités selon les individus. Comment lever les freins et saisir les opportunités qui nous entourent ? Quelles sont les qualités indispensables ? Les réponses de Monique De Kermadec, psychologue et psychanalyste spécialisée dans l'accompagnement à la réussite.

Doctissimo : Comment définir la réussite ?

Réussir sa vieMonique de Kermadec : Il y a plusieurs définitions de la réussite. Pour certains, c'est une vie harmonieuse avant-tout, pour d'autres la priorité est de gagner beaucoup d'argent ou bien une reconnaissance voire la célébrité.
En fait, la définition de la réussite dépend souvent de l'âge et de la société dans laquelle on évolue. En France, c'est surtout la réussite sociale ou du couple qui sont valorisées. Les succès professionnels et financiers viennent après.

Doctissimo : Quelles sont qualités indispensables pour réussir ?

Monique de Kermadec : D'abord, il ne suffit pas d'être intelligent ou diplômé pour réussir. Il faut avant tout trouver sa place, comprendre ce qui et important pour nous enrichir... et enrichir le monde qui nous entoure.
De manière générale, ceux qui réussissent n'ont pas forcément quelque chose en plus. Ils ont surtout trouvé ce qui était important pour eux, l'ont investi avec passion et n'ont pas eu peur de l'échec. Lorsque j'examine autour de moi les gens qui ont réussi, ce sont ceux qui ont clarifié leurs besoins, ont osé sortir des sentiers battus sans craindre les revers, et qui y ont employé beaucoup d'énergie.

Doctissimo : Selon vous, il ne suffit pas d'être intelligent pour réussir ?

Monique de Kermadec : Exactement, un QI élevé ne suffit pas. En réalité, il faut avoir trois formes d'intelligence complémentaires. Schématiquement, l'équation est la suivante : R = QI+QE+QS. En clair, pour réussir, il faut un bon quotient intellectuel, une bonne intelligence sociale et émotionnelle.
Avec un quotient intellectuel élevé, mais l'impossibilité de nouer des relations, de comprendre les autres et le monde qui vous entoure, ou l'absence de motivation et de passion, vous ne réussirez pas.

Doctissimo : Quelles barrières peuvent nous empêcher de réussir ?

Monique de Kermadec : En fait, nous avons tous une liste d'interdits, de freins, qu'il faut savoir surmonter. On a ainsi une petite voix intérieure qui a tendance à nous rabaisser : je n'ai pas la compétence, je ne viens pas du bon milieu, je suis moins intelligent que mon collègue... Ajoutez à cela un certain pessimisme, qui fige les personnes dans la situation dans laquelle elles se trouvent. Il y a beaucoup de talents qui n'aboutissent pas, des gens qui ne sont pas à leur place, tout cela parce qu'ils ne sont pas suffisamment optimistes sur leurs chances de réussite.

Doctissimo : Comment justement lever ces freins ?

Monique de Kermadec : Souvent, cela passe par le fait de parler à une personne extérieure. Car il est difficile de lutter seul contre la peur du changement et la force de l'habitude qui nous maintient dans un certain immobilisme. Les amis, les parents ou le conjoint ne sont pas forcément les bonnes personnes. S'ils veulent bien sûr notre bonheur, ils ne veulent pas nous voir changer. Ils sont habitués à fonctionner d'une certaine façon dans leurs relations avec nous. Inconsciemment, ils ne veulent pas briser cet équilibre ou voir changer ce mode de fonctionnement, pour ne pas risquer de perdre cette relation.
Quelqu'un de totalement extérieur a un regard neutre, qui permet plus facilement de lever les freins et de remplacer cette petite voix négative par une voix positive. C'est d'ailleurs ce qui explique l'engouement pour les coachs.

Doctissimo : Mais on ne maîtrise pas tout, il faut aussi de la chance pour réussir, non ?

Monique de Kermadec : Oui et non. Les gens qui réussissent ont su saisir les opportunités quand elles se présentaient. Il faut être dans un état d'esprit pour provoquer les occasions et ne pas avoir peur de les saisir quand elles se présentent, ne pas craindre les échecs.
J'ajoute que les chances ne sont pas toujours celles que l'on croit, et peuvent se cacher dans des événements négatifs. Un licenciement ou un refus pour un prêt vont amener les gens à repenser leur existence, à changer de vie. Et là encore, il faut savoir saisir les opportunités.
Alain Sousa
Créé le 19 novembre 2007

Affûtez votre intuition : votre sésame bonheur !


"L'idéal donne du sens à notre existence" affirme le philosophe Michel Lacroix. Décisif pour notre vie, il suppose un réel engagement de notre part. Toutefois, il peut également nous desservir. Le point sur les bienfaits, ses écueils et comment en faire un moteur dans la réalité.

Doctissimo : Quelle pourrait être votre définition de l'idéal ?

Michel Lacroix : C'est une valeur morale que je privilégie, autour de laquelle je vais mettre de la passion, et qui va donner du sens à ma vie. Incontournable pour un bon équilibre psychique, un idéal va me pousser à me dépasser. Au nom de cette valeur, je vais vouloir transformer la réalité : elle va alors devenir un levier de changement fabuleux.

Doctissimo : Avons-nous tous un idéal ?

  Michel Lacroix : Nous avons tous en nous inscrit un idéal du "moi", qui nous permet de nous projeter dans un avenir. Ne serait-ce que dans l'idée de la personne que l'on veut devenir, ou plus concrètement, le choix d'une profession, ou d'une relation amoureuse ! Qu'il soit enfoui, en demi-teinte ou inconscient, nous sommes tous concernés par un idéal, certains sont en veilleuse. Ceux qui ont émergé en force à l'adolescence ont pu s'étioler, mais ils peuvent aussi resurgir.

Doctissimo : Pourquoi avoir un idéal peut-il nous rendre heureux ?

Michel Lacroix : Il faut être idéaliste, rien de grand ne peut se faire sans idéal. C'est le carburant de la vie collective, bien sûr, mais personnelle aussi. Il signe en somme notre identité. On s'aperçoit que les champs offerts à l'idéal ne manquent pas. L'écologie, en tant qu'idéal de l'homme réconcilié avec la nature. La prise en compte de la diversité, comme idéal de la tolérance… A condition qu'il ne soit pas trop envahissant, obsessionnel, et donc dangereux.

Doctissimo : Poursuivre son idéal représente aussi un danger. C'est-à-dire ?

Michel Lacroix : Les dangers sont multiples. Il y a le danger de l'erreur. Vous pouvez poursuivre un idéal qui ne correspond pas à votre personnalité profonde. Dicté par la société, la famille… L'idéal peut vous amener à vous couper de la réalité, ou des autres, au profit de votre bulle, dans un face à face magique et onirique. Quand l'amour devient un idéal de vie par exemple, il peut arriver qu'on ne risque pas le réel, le quotidien. Alors le danger de la destruction du réel menace, et les opportunités d'accomplir son idéal ne sont pas saisies…

Doctissimo : Est-il possible de combiner son aspiration à l'idéal et son implication dans le réel ?

Michel Lacroix : Ce n'est pas seulement possible mais souhaitable. C'est même la seule voie envisageable. Il faut trouver un équilibre. En amour par exemple, il s'agit d'accepter plus de réalisme, et de renoncer à un idéal fusionnel ou romantique, sans forcément tomber dans le désenchantement, ni le cynisme. L'harmonie totale n'existe pas. Professionnellement aussi, je prône une forme d'ambition tempérée. Face en particulier à la pression de l'excellence, et la constance d'un changement technologique… Le désir de réussite est nécessaire, à condition que cela ne tourne pas à l'obsession.

Doctissimo : Selon vous, de quoi aurions-nous besoin aujourd’hui pour retrouver le goût d’un idéal ?

Michel Lacroix : Sachons être plein de gratitude pour ce que nos ancêtres nous ont légué, à charge pour nous de l’améliorer, mais sachons y voir les traces d’idéaux concrétisés. Nous avons souvent tendance à ne voir que les imperfections, à adopter une posture de dénigrement systématique… Prenons un peu de recul historique et reconsidérons les acquis récents, je veux parler en particulier de notre système de santé et d’éducation pour tous, ou des droits de la femme, de nos institutions démocratiques. Pour moi, ce sont des percées de civilisation qui sont la traduction des grands idéaux du XIXe siècle. Elles sont imparfaites, certes, mais elles ont le mérite de concrétiser certaines aspirations. Apprenons à les voir non pas systématiquement à travers le prisme de la critique et du ressentiment, mais aussi avec une forme de reconnaissance pour ce qu’elles incarnent d’idéal. Ce qui devrait nous permettre d’aller plus loin…

Doctissimo : Plus qu'un monde pétri d'idéal, il semblerait que ce soit le chaos ?

Michel Lacroix : C'est le chaos qui, par opposition, peut déclencher un idéal de bonheur, comme en témoigne l'engouement récent de nos contemporains pour ce dernier.
Peut-être le chaos actuel est-il une opportunité ! Les idéaux se forgent aussi dans le creuset de nos souffrances. C'est le cas de Mandela, qui parce qu'il est victime de discrimination, poursuit un idéal de réconciliation et de tolérance. Nous sommes ainsi faits que l'épreuve qu'elle soit personnelle ou collective se révèle souvent le terreau dans lequel naissent nos idéaux. Elle va susciter un engagement de certains pour faire de cette épreuve, l'occasion d'une résilience, que ce soit à travers la création d'association, d'un mouvement, d'une marche… au nom de cet idéal.
Catherine Maillard
Créé le 27 janvier 2010
* Michel Lacroix a reçu le prix Psychologies Fnac 2010.

Faut-il avoir un idéal pour être heureux ?


"L'idéal donne du sens à notre existence" affirme le philosophe Michel Lacroix. Décisif pour notre vie, il suppose un réel engagement de notre part. Toutefois, il peut également nous desservir. Le point sur les bienfaits, ses écueils et comment en faire un moteur dans la réalité.

Doctissimo : Quelle pourrait être votre définition de l'idéal ?

Michel Lacroix : C'est une valeur morale que je privilégie, autour de laquelle je vais mettre de la passion, et qui va donner du sens à ma vie. Incontournable pour un bon équilibre psychique, un idéal va me pousser à me dépasser. Au nom de cette valeur, je vais vouloir transformer la réalité : elle va alors devenir un levier de changement fabuleux.

Doctissimo : Avons-nous tous un idéal ?

Bonheur idéal  Michel Lacroix : Nous avons tous en nous inscrit un idéal du "moi", qui nous permet de nous projeter dans un avenir. Ne serait-ce que dans l'idée de la personne que l'on veut devenir, ou plus concrètement, le choix d'une profession, ou d'une relation amoureuse ! Qu'il soit enfoui, en demi-teinte ou inconscient, nous sommes tous concernés par un idéal, certains sont en veilleuse. Ceux qui ont émergé en force à l'adolescence ont pu s'étioler, mais ils peuvent aussi resurgir.

Doctissimo : Pourquoi avoir un idéal peut-il nous rendre heureux ?

Michel Lacroix : Il faut être idéaliste, rien de grand ne peut se faire sans idéal. C'est le carburant de la vie collective, bien sûr, mais personnelle aussi. Il signe en somme notre identité. On s'aperçoit que les champs offerts à l'idéal ne manquent pas. L'écologie, en tant qu'idéal de l'homme réconcilié avec la nature. La prise en compte de la diversité, comme idéal de la tolérance… A condition qu'il ne soit pas trop envahissant, obsessionnel, et donc dangereux.

Doctissimo : Poursuivre son idéal représente aussi un danger. C'est-à-dire ?

Michel Lacroix : Les dangers sont multiples. Il y a le danger de l'erreur. Vous pouvez poursuivre un idéal qui ne correspond pas à votre personnalité profonde. Dicté par la société, la famille… L'idéal peut vous amener à vous couper de la réalité, ou des autres, au profit de votre bulle, dans un face à face magique et onirique. Quand l'amour devient un idéal de vie par exemple, il peut arriver qu'on ne risque pas le réel, le quotidien. Alors le danger de la destruction du réel menace, et les opportunités d'accomplir son idéal ne sont pas saisies…

Doctissimo : Est-il possible de combiner son aspiration à l'idéal et son implication dans le réel ?

Michel Lacroix : Ce n'est pas seulement possible mais souhaitable. C'est même la seule voie envisageable. Il faut trouver un équilibre. En amour par exemple, il s'agit d'accepter plus de réalisme, et de renoncer à un idéal fusionnel ou romantique, sans forcément tomber dans le désenchantement, ni le cynisme. L'harmonie totale n'existe pas. Professionnellement aussi, je prône une forme d'ambition tempérée. Face en particulier à la pression de l'excellence, et la constance d'un changement technologique… Le désir de réussite est nécessaire, à condition que cela ne tourne pas à l'obsession.

Doctissimo : Selon vous, de quoi aurions-nous besoin aujourd’hui pour retrouver le goût d’un idéal ?

Michel Lacroix : Sachons être plein de gratitude pour ce que nos ancêtres nous ont légué, à charge pour nous de l’améliorer, mais sachons y voir les traces d’idéaux concrétisés. Nous avons souvent tendance à ne voir que les imperfections, à adopter une posture de dénigrement systématique… Prenons un peu de recul historique et reconsidérons les acquis récents, je veux parler en particulier de notre système de santé et d’éducation pour tous, ou des droits de la femme, de nos institutions démocratiques. Pour moi, ce sont des percées de civilisation qui sont la traduction des grands idéaux du XIXe siècle. Elles sont imparfaites, certes, mais elles ont le mérite de concrétiser certaines aspirations. Apprenons à les voir non pas systématiquement à travers le prisme de la critique et du ressentiment, mais aussi avec une forme de reconnaissance pour ce qu’elles incarnent d’idéal. Ce qui devrait nous permettre d’aller plus loin…

Doctissimo : Plus qu'un monde pétri d'idéal, il semblerait que ce soit le chaos ?

Michel Lacroix : C'est le chaos qui, par opposition, peut déclencher un idéal de bonheur, comme en témoigne l'engouement récent de nos contemporains pour ce dernier.
Peut-être le chaos actuel est-il une opportunité ! Les idéaux se forgent aussi dans le creuset de nos souffrances. C'est le cas de Mandela, qui parce qu'il est victime de discrimination, poursuit un idéal de réconciliation et de tolérance. Nous sommes ainsi faits que l'épreuve qu'elle soit personnelle ou collective se révèle souvent le terreau dans lequel naissent nos idéaux. Elle va susciter un engagement de certains pour faire de cette épreuve, l'occasion d'une résilience, que ce soit à travers la création d'association, d'un mouvement, d'une marche… au nom de cet idéal.
Catherine Maillard
Créé le 27 janvier 2010
* Michel Lacroix a reçu le prix Psychologies Fnac 2010.
Dynamic Link